À l’entrée de plusieurs enseignes, des automates permettent de convertir les pièces de 1 centime à 2 euros, souvent encombrantes, en bon d’achat utilisable en magasin.
À l’entrée du Super U de Coursan, Alain, client du magasin, est perplexe devant un automate installé là depuis plus d’un an maintenant. Interrogé, il répond : “Si je lui donne mes pièces, elle me rend un bon d’achat. Quand j’aurai des pièces, je viendrai les mettre dedans.“ Pour le directeur du magasin, Romuald Barday, la machine est un service client comme la machine à café, un Photomaton® ou un banc pour s’asseoir. “Nous la louons avec son entretien régulier. La somme moyenne versée est entre 15 et 16 €. 1 000 pièces de 1 centime ne font que 10 € : ce n’est pas un bandit manchot de casino“, précise-t-il avec le sourire. “Dans notre magasin, il n’y a pas de frais, celui qui dépose 10 € de pièces, reçoit un bon d’achat de 10 €. Ça nous donne juste plus de travail pour tout recompter et conditionner les pièces ensuite. C’est vraiment un service aux clients.“
Eliane, qui vient d’acheter son pain à la boulangerie, connaît la machine, mais “je ne m’en sers jamais, j’utilise mes pièces, au fur et à mesure que j’en ai pour payer aux caisses“. Roberte, une grand-mère, a donné un sens festif à la machine : “Chaque fois que j’ai trop de pièces dans mon porte-monnaie, je les mets dans une boîte. Quand elle est pleine, je viens avec mes petites filles, elles versent tout dans la machine et elles vont s’acheter un jouet ou un livre à l’intérieur.” Michèle s’en sert rarement car elle paie beaucoup en carte mais “trouve ça utile. Tout est utile de nos jours : les consignes de bouteilles, la collecte des piles ou des ampoules.“

Faire vivre un cycle de plus aux pièces de monnaie
Joint au téléphone, Morgan Reyrolles, le directeur opérationnel de Coinstar France qui loue les eurocycleurs explique l’intérêt de ses machines : “En France, nous avons 1 300 bornes qui, l’an passé, ont fait circuler 46 millions d’euros. Dans l’Aude, il y a 12 machines installées et elles ont généré 20 000 tickets pour 350 000 € (soit un ticket moyen de 17,50 €, NDLR). Il faut savoir, qu’en moyenne, 20 € représentent 250 pièces et que cela pèse un kilo et demi. Tout type de population est concerné, des enfants qui ont reçu des pièces pour Noël aux personnes qui font leur fond de porte-monnaie, en passant par celles qui font la manche et qui savent exactement pour combien ils vont pouvoir acheter.” Morgan Reyrolles est fier du made in France de ses machines, du partenariat avec l’Atelier du Vallon, un ESAT – Établissement et Service d’Aide par le Travail – où est faite toute la tôlerie des machines ainsi que l’intégration des éléments technologiques qui les composent. “Nous sommes aussi partenaires de l’Action Pièces Jaunes, pour la sixième fois, puisqu’il est possible, en début d’année, de faire un don chaque fois qu’on utilise la borne.”
L’augmentation des paiements en cartes n’affecte pas la fréquentation de ces bornes qui vise à “remettre en circulation l’argent qui ne circule plus. Ces pièces, malgré leur valeur, ne circulent statistiquement qu’une seule fois. Lorsqu’elles sont versées dans les bornes, nous leur faisons vivre un cycle supplémentaire. Les personnes qui ont de la monnaie choisissent le magasin à cause de la présence de la borne et ils dépensent le bon d’achat dans le magasin d’où l’intérêt pour le commerçant d’en installer une dans son entrée.”
10 centimes d’euro valent toujours 83 centimes de franc, pour les clients qui l’ont connu, la valeur des pièces jaunes ou orange, n’est pas à démontrer. Quant à ceux qui n’ont connu que l’euro, ils savent à l’évidence que leur nombre augmente leur valeur… et leur poids.