Le dollar a perdu de la valeur et Stephen Jen, qui prédit cette baisse depuis longtemps, est convaincu que ses difficultés ne font que commencer.


Il se fie sur son modèle économique surnommé « sourire du dollar américain » qui décrit la tendance du billet vert à se redresser lorsque les choses vont soit très bien, soit très mal.

En ce moment, après une période de forte croissance, les marchés craignent un essoufflement de l’économie américaine, tandis que les perspectives de croissance à l’étranger sont bonnes. Résultat, le dollar a talonné cette semaine un creux de trois mois, donnant raison tardivement à M. Jen, PDG du gestionnaire d’actifs londonien Eurizon SLJ Capital.

« C’est ce qu’on prédisait : un dollar surévalué s’affaiblissant », a déclaré M. Jen, avouant se sentir « quelque peu justifié », lui qui prédit l’affaiblissement du dollar depuis deux ans.

L’indice Bloomberg Dollar Spot a chuté d’environ 1 % mercredi, prolongeant une baisse qui a effacé la plupart des gains enregistrés depuis l’élection présidentielle américaine de l’année dernière.

Selon M. Jen, la baisse actuelle cadre bien avec le modèle économique du dollar smile (le sourire du dollar), illustré par une courbe ressemblant à un sourire : le dollar monte quand l’économie américaine ralentit fortement (dans un contexte de récession mondiale) et quand elle est en forte expansion (surtout quand la croissance est plus faible ailleurs). Il baisse quand la croissance est modérée, explique M. Jen, qui a présenté ce modèle il y a plus de 20 ans quand il était stratège chez Morgan Stanley. Sa théorie a fait des adeptes chez certains investisseurs et analystes.

En outre, M. Jen estime que le dollar est surévalué d’environ 20 %, ce qui n’arrange rien. Le revenu par habitant au Mississippi, un des États les plus pauvres des États-Unis, est plus élevé que le revenu par habitant au Royaume-Uni, en France, en Italie et au Japon, note-t-il, un signe que le pouvoir d’achat de la devise américaine a atteint des niveaux excessifs.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Selon Stephen Jen, la baisse actuelle cadre bien avec le modèle du dollar smile (le sourire du dollar), illustré par une courbe ressemblant à un sourire : le concept de « sourire du dollar américain » décrit la tendance du dollar à se redresser lorsque les choses vont très bien ou très mal.

« Je ne pense pas que le dollar va s’effondrer, mais il y aura un ajustement sur plusieurs années », a déclaré M. Jen.

L’opinion baissière de M. Jen sur le dollar, il y a deux ans, était prématurée : l’économie américaine s’est envolée l’an dernier, tandis que d’autres pays étaient en difficulté, ce qui a poussé le dollar vers le haut.

Mais un consensus baissier s’installe depuis quelques semaines, avec de multiples conflits commerciaux qui augurent d’un affaiblissement de l’économie.

Le dollar a chuté d’environ 5 % depuis son pic de janvier.

Les droits de douane de Donald Trump, qui ont défrayé la chronique, n’ont pas stoppé la chute du dollar, malgré les attentes des investisseurs selon lesquelles de telles mesures devraient en fait stimuler le billet vert.

La baisse du dollar s’est accélérée mercredi après que l’Allemagne a annoncé son intention d’investir des centaines de milliards d’euros dans sa défense et ses infrastructures, ce qui a fait grimper l’euro.

La thèse baissière de M. Jen repose sur sa prédiction que l’avantage économique des États-Unis par rapport aux autres pays s’estompera à mesure que la Maison-Blanche réduira les dépenses publiques, qui ont explosé depuis la fin de la pandémie.

Sa théorie du dollar smile postule qu’une récession ferait remonter le dollar, valeur refuge de longue date. Cela étant, M. Jen estime que la croissance peut se maintenir. Même une réduction du déficit budgétaire à 5,5 % du produit intérieur brut, contre environ 7 % actuellement, suffirait à peser sur le dollar sans nuire gravement à l’économie, estime-t-il.

« Si ça se trouve, l’économie est trop résistante, affirme M. Jen. Il est plus sain de cesser de stimuler la croissance, car l’économie roule trop fort et trop vite depuis trop longtemps. »





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