L’euro numérique, version dématérialisée des pièces et des billets, ne sera pas en circulation avant trois à cinq ans, a déclaré mardi le directeur général des moyens de paiement de la Banque de France, Erick Lacourrège. «Si l’euro numérique doit voir le jour, ce sera probablement aux alentours de 2028 – 2030», a souligné Erick Lacourrège à l’occasion d’une conférence organisée par France payments forum à Paris.
Il a également rappelé que la décision de le lancer ou pas, décidée à l’échelle européenne, «pourrait être prise à la fin d’année prochaine», soit plus tard qu’initialement prévu. Après une phase d’investigation entre octobre 2021 et octobre 2023, l’euro numérique de détail est entré dans une phase «préparatoire» avant une dernière phase dite de déploiement.
«Les espèces, ce n’est pas l’ancien monde»
Erick Lacourrège a par ailleurs insisté sur l’importance des espèces, moyen de paiement historique, robuste et résilient. «Les espèces, ce n’est pas l’ancien monde, ce n’est pas les dinosaures qui sont en train de disparaître», a-t-il précisé. «Le jour où on n’a plus d’électricité, le seul moyen qu’on a pour acheter à manger c’est le cash et ça continuera longtemps», citant l’exemple de l’île de Mayotte après le passage du cyclone Chido en décembre dernier.
Le directeur général des moyens de paiement de la Banque de France a également apporté son soutien aux initiatives communes des banques françaises : l’historique schéma de paiement Cartes bancaires (CB), concurrent de Visa et Mastercard, et le nouveau venu Wero, un service mobile permettant aux particuliers de se transférer de l’argent.
Le président de CB Jean-Paul Mazoyer, aussi invité de France payments forum, s’est de son côté ému de la concurrence à venir de Wero pour CB en France, notamment via de nouvelles fonctionnalités en cours de développement. Si les virements entre particuliers, aujourd’hui en place, font plutôt concurrence aux espèces et aux chèques, les prochaines fonctionnalités de Wero, comme les paiements aux commerçants sur internet, aux professionnels et aux commerces de proximité, sont en concurrence frontale avec la bonne vieille carte bancaire. Jean-Paul Mazoyer a plutôt invité Wero à se concentrer sur un développement en nombres d’utilisateurs, en Allemagne notamment, plutôt que sur de nouvelles fonctionnalités. Selon lui, seuls 5% des volumes de Wero sont générés par l’Allemagne, qui a pourtant ouvert en juillet dernier, trois mois avant la France.