Le dollar américain s’est raffermi lundi, les investisseurs inquiets se tournant vers les valeurs refuges. Toutefois, la prudence des mouvements sur les marchés laisse entendre que ces derniers attendent la réaction de l’Iran aux frappes américaines sur ses sites nucléaires, une escalade supplémentaire du conflit au Moyen-Orient.
Les principaux mouvements se sont produits sur le marché pétrolier, où les prix du brut ont atteint un sommet de cinq mois. Dans le même temps, les marchés d’actions mondiaux ont reculé après l’attaque des sites nucléaires iraniens par les États-Unis et l’évocation par le président Donald Trump d’un possible changement de régime dans la République islamique.
Sur le marché des devises, l’euro cédait 0,33 % à 1,1484 dollar, tandis que le dollar australien, souvent considéré comme un indicateur du risque, a touché un plus bas d’un mois, en recul de 0,67 % à 0,6408 dollar.
L’indice du dollar, qui mesure la devise américaine face à un panier de six autres monnaies, progressait de 0,12 % à 99,037. La livre sterling reculait de 0,26 % à 1,3416 dollar, tandis que le dollar néo-zélandais chutait de 0,68 % à 0,5926 dollar.
Carol Kong, stratège devises chez Commonwealth Bank of Australia, estime que les marchés sont en mode attentiste face à la riposte iranienne, les inquiétudes portant davantage sur l’effet inflationniste du conflit que sur son impact économique négatif.
« Les marchés des changes seront tributaires des déclarations et actions des gouvernements iranien, israélien et américain », explique-t-elle. « Les risques sont clairement orientés vers une nouvelle hausse des devises refuges si les parties intensifient le conflit. »
Le dollar gagnait 0,52 % face au yen à 146,81, après avoir atteint un sommet d’un mois plus tôt dans la séance. La devise américaine pesait également sur d’autres monnaies asiatiques, dont la roupie indonésienne, le ringgit malaisien et le peso philippin.
Les stratèges de Bank of America ont indiqué que la paire dollar-yen pourrait encore progresser si les prix du pétrole restent élevés, rappelant que le Japon importe près de la totalité de son pétrole, dont plus de 90 % provient du Moyen-Orient, alors que les États-Unis sont largement indépendants sur le plan énergétique.
« Nous pensons que l’USD/JPY constitue une couverture efficace contre une escalade des tensions géopolitiques au Moyen-Orient avec un rendement positif », ont-ils déclaré dans une note.
L’Iran a promis de se défendre au lendemain du largage par les États-Unis de bombes anti-bunker de 30 000 livres sur la montagne surplombant le site nucléaire de Fordow. Les dirigeants américains ont exhorté Téhéran à ne pas réagir, tandis que des manifestations anti-guerre ont éclaté dans plusieurs villes américaines.
Dans ce qui est perçu comme la menace la plus efficace de l’Iran contre l’Occident, son parlement a approuvé la fermeture du détroit d’Ormuz, passage par lequel transite près d’un quart du commerce mondial de pétrole, que l’Iran partage avec Oman et les Émirats arabes unis.
« Les marchés semblent considérer les frappes américaines sur l’Iran comme un événement contenu pour l’instant, plutôt que comme le début d’une guerre plus large », analyse Charu Chanana, stratège en chef chez Saxo.
« La faiblesse des flux vers les valeurs refuges suggère que les investisseurs considèrent encore cette évolution comme une escalade ponctuelle, sans perturbation majeure de l’offre mondiale de pétrole ou du commerce. »
Si le dollar a retrouvé son rôle de valeur refuge en raison de la montée rapide des risques géopolitiques, la relative modération des mouvements indique que les investisseurs restent prudents quant à un engouement massif pour le billet vert.
La devise américaine a perdu 8,6 % depuis le début de l’année face à ses principaux concurrents, l’incertitude économique provoquée par les tarifs douaniers de Donald Trump et les inquiétudes sur leur impact sur la croissance américaine ayant incité les investisseurs à chercher des alternatives.
Du côté des cryptomonnaies, le bitcoin progressait de 1,75 % en début de séance, après avoir chuté d’environ 4 % dimanche, tandis que l’ether gagnait 2,3 % lundi, après une baisse de 9 % la veille.






