Des universités en Colombie-Britannique ont vu le nombre de demandes d’admission provenant de citoyens américains grimper par rapport à l’an dernier.
La faculté des études supérieures de l’Université Simon Fraser (SFU) a noté une augmentation de 23 % des candidats américains en comparaison avec l’année dernière.
De son côté, l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) a observé une hausse de 27 % des demandes d’admission de ressortissants américains à des programmes d’études supérieures.
À la vue de cet engouement, les deux établissements ont prolongé leurs périodes d’admission pour le trimestre d’automne 2025.
Nous pensons qu’il y aura davantage d’étudiants qui devront modifier leurs plans et qui envisageront peut-être de changer d’école. Soit parce qu’il leur est difficile de poursuivre leur cursus ou parce que le statut de leur visa est incertain aux États-Unis
, explique Gage Averill, le doyen et vice-président de l’UBC.

L’Université Simon Fraser dit être en train d’identifier les programmes pour lesquels les candidatures seront prolongées du 16 au 25 avril. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Des universités américaines sous pression
Carrie Simonelli habite l’État du Rhode Island. L’an prochain, sa fille devra choisir où aller à l’université, et elle envisage sérieusement le Canada, une décision largement motivée par la situation politique aux États-Unis.
Il semble que [le politique] a désormais la main sur toutes les facettes de la vie universitaire
, affirme la mère de famille dont la fille envisage d’étudier dans des programmes d’anglais ou d’études des genres.
Le climat dans les universités américaines sous l’administration Trump change.
L’Université de New York, par exemple, a annulé une conférence sur l’action humanitaire en temps de crise par crainte qu’elle soit perçue comme étant antisémite
et antigouvernementale
.
L’Université Columbia, de son côté, a accepté d’engager des réformes exigées par l’administration de Donald Trump pour retrouver les centaines de millions de dollars de subventions fédérales abandonnées par Washington.
Cela me rend triste. J’ai l’impression que l’université est ce microcosme du monde qui est un endroit sécuritaire pour les jeunes pour découvrir ce qu’ils veulent faire. Et si ces choses sont supprimées, les enfants ne peuvent plus décider de ce qu’ils veulent devenir.
Le doyen de l’UBC, Gage Averill, indique que les programmes qui ferment aux États-Unis vont inciter des étudiants américains à poursuivre leur parcours universitaire ailleurs, mais qu’il ne s’agit pas du seul facteur.
Un dollar canadien faible
Les gens réalisent que l’écart entre les devises américaine et canadienne rend les écoles canadiennes, même avec des frais de scolarité élevés [pour les étudiants] étrangers, très abordables
, ajoute Gage Averill.
Gabrielle Lucas, qui termine l’école secondaire aux États-Unis en juillet, espère être admise à une université canadienne. Elle a déjà fait des demandes de bourses d’études.
Je sais que les bourses d’études vont m’aider un peu plus au Canada qu’aux États-Unis parce que le dollar canadien est beaucoup plus faible que le dollar américain
, dit-elle.
Un étudiant étranger doit débourser autour de 17 000 $ canadiens en frais de scolarité par trimestre à l’Université Simon Fraser, et environ 25 000 $ à l’Université de la Colombie-Britannique.

À la fermeture des marchés vendredi, 1 dollar canadien valait 0,72 dollar américain.
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Un regain pour les études universitaires
Derrick Anderson est vice-président des perspectives éducatives à l’American Council on Education, un organisme de valorisation de l’éducation supérieure aux États-Unis.
Bien qu’il y ait beaucoup d’instabilité et de bruit dans le système d’enseignement supérieur américain et que les collèges et les universités sont soumis à une forte pression de la part du gouvernement […], nous constatons une nette augmentation de l’intérêt pour l’enseignement supérieur
, observe-t-il.
Le National Student Clearinghouse rapporte qu’à l’automne 2024, le nombre total d’inscriptions dans des programmes d’enseignement postsecondaire aux États-Unis a augmenté de 4,5 %, dépassant les niveaux antérieurs à la pandémie de COVID-19.
Nous constatons également, d’une manière générale, une hausse du nombre d’étudiants américains qui cherchent à faire des études à l’étranger
, ajoute Derrick Anderson.
En 2024, 17,5 % des étudiants de premier cycle de SFU étaient des étudiants étrangers, une proportion qui augmente à 36,8 % pour les étudiants de cycles supérieurs. Au campus de Vancouver de l’UBC, la proportion d’étudiants étrangers est de 27,9 %.
Avec les informations de Corentin Mittet-Magnan et Jon Hernandez