Quand, sur l’heure de midi, le téléphone sonne dans une maison de Languédias (Côtes-d’Armor), il se peut qu’un petit rayon de soleil vienne éclairer la journée d’un habitant de cette commune de 558 âmes. Qui sait, au bout du fil, c’est p’têt bien la cantine de l’école !
Car, depuis la rentrée de septembre 2024, quand tous les repas mijotés ici n’ont pas été engloutis par les gamins de l’école publique, la commune propose le surplus à des habitants inscrits auprès d’elle.
« Le si peu qu’il y a peut intéresser »
« La cantinière fait un boulot remarquable », admire le maire Jérémy Dauphin. « De 65 à 75 repas sont préparés par jour » qui nourrissent les 67 (ou presque) écoliers des Picotous sur deux services, voire les tout-petits de la Maison d’assistantes maternelles voisine La P’tite Vadrouille.
Et des fois, le si peu qu’il y a peut intéresser un habitant.
À vrai dire, cela est loin d’arriver tous les jours. « Jusqu’ici, ce ne sont que quelques repas qui ont été distribués. » Pas plus de trois, compte la cantinière Patricia Rehel qui, avec son assistante Samantha, maîtrise le gaspillage alimentaire* de main de maître.
Mais quand c’est le cas, pas de temps à perdre : comme la chaîne du froid, celle du chaud, nous apprend-on, ne doit pas être rompue. Cécile Baudry, la secrétaire de mairie dégaine sa liste d’inscrits et son téléphone. Si le premier ne répond pas, elle passe au suivant, etc. Celui qui décroche « doit venir le plus vite possible avec son récipient ».
Il ne lui en coûtera que le déplacement et 1 euro pour un bon petit plat maison.
Un euro symbolique
Un paiement tout symbolique.
Languédias est, avec Trébédan, la commune la plus pauvre de Dinan Agglomération. Nous avons des gens qui ont de petites retraites et vivent avec peu.
Ce sont d’ailleurs plutôt eux qui jusqu’ici se sont inscrits, bien que la liste soit ouverte à tous les Languédiaçais. Sans critères à remplir, trop compliqués à mettre en place.
L’idée n’est pas venue des élus
L’idée anti-gaspi a été apportée sur un plateau par « Cécile, notre secrétaire de mairie ». Loin de s’en attribuer tout le mérite :
En 2022, j’ai vu cette initiative mise en place dans une autre commune. Je l’avais trouvée très intéressante et je l’ai gardée dans un petit coin de ma tête. J’ai proposé de la mettre en place dans le cadre de la réorganisation globale du service de restauration.
« L’idée a été votée à l’unanimité par les élus », certifie le maire. La crème sur le gâteau d’une réflexion menée depuis 10 ans, se construisant autour des circuits courts, du bio, de fait maison et d’une reconstruction de la cantine en adéquation avec le biosourcé, les économies d’énergies, etc. « C’était assez logique de continuer sur le gaspillage alimentaire, le compostage… »
Le maire de la petite commune proche de Dinan poursuit : « À Languédias, on essaie de sortir de l’action. Et là, on est très fiers de l’état d’esprit de notre commune. C’est une idée qui n’est pas venue d’élus. Ça montre qu’on peut emmener des gens avec nous et ça, ça donne le sourire. »
L’envie que ça essaime
L’école des Picotous est le troisième élément d’un regroupement pédagogique formé avec les écoles publiques de Mégrit et Trédias. Si leurs menus sont communs, sa cantine est pour l’instant la seule à se lancer dans l’expérience, concluante. « L’envie est que ça essaime », dit Jérémy Dauphin, dont la mairie a reçu des demandes de renseignements « d’une mairesse du Lot » comme de communes de l’Agglomération.
« On est contents parce qu’on se démène pour mettre des projets en place qui sont positifs et on va continuer comme ça. […] Nous avons l’habitude de brasser de gros projets, dit l’élu qui est aussi vice-président à Dinan Agglomération. Là, cette une petite mesure. Plutôt que de jeter et faire du gaspillage, c’est aussi dire on ne vous oublie pas, on pense à vous. »
* Suivant le PAT (Projet Alimentaire Territorial) de Dinan Agglomération pour se conformer aux objectifs de la loi EGalim.
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