Elle participe à sa quatrième grande compétition avec la sélection. Selma Bacha, 24 ans, a déjà vécu quelques déceptions avec l’équipe de France féminine, qui affronte ce mercredi soir le pays de Galles (21h). Lancées dans un nouveau cycle par leur sélectionneur, les Bleues surfent sur une vague de confiance nouvelle. À l’image de la latérale, l’ambition demeure pour cet Euro 2025 mais cela est moins clamé.  

Selma, l’équipe de France a abordé cet Euro avec une dynamique de victoires en 2025…

Oui, cela fait toujours du bien, enchaîner aussi les clean sheets comme on a pu le faire cette année, ça fait du bien pour la confiance. Il faut rester humbles, mais en tout cas on sait de quoi on est capable.

Et de quoi est capable cette équipe de France alors ?

On est capables de beaucoup de choses, mais après on ne va pas arriver en tant que favorites car on n’a encore rien gagné. Je préfère qu’on nous voit en tant qu’outsiders. Je préfère garder nos ambitions pour moi et faire de grandes choses parce que c’est vrai que l’on a beaucoup parlé. On a beaucoup déçu, certaines personnes, les supporters, nos familles, les journalistes. Désormais, j’ai décidé de ne pas me prononcer pour ne pas décevoir les gens, vivre match après match, et toujours tout donner pour mon pays.

Il faut avoir de l’ambition tout de même ?

Oui bien sûr il faut avoir de l’ambition mais j’ai pris de la maturité. J’ai trop souffert. L’Euro 2022, c’était ma première compétition, la Coupe du monde ça m’a touché, mais les Jeux… Ça m’a tué. Je ne voulais plus que l’on me parle de foot. Tu es chez toi, tu te fais sortir, surtout que dans le jeu tu ne mérites pas d’être éliminé. Les JO, ça m’a fait vraiment mal.

Jouer pour l’équipe de France, c’est une responsabilité avec tout ce que cela implique ?

La France, c’est une grande nation. Et c’est vrai que quand on regarde les garçons, on n’attend plus de nous. Ce n’est pas un poids ce maillot, c’est une fierté, un honneur mais il y a beaucoup de responsabilités. Je pense que le jour où on gagnera notre premier titre, cela s’enclenchera comme pour l’Espagne. Je l’espère.

“Dans la rue, les gens demandent des photos, et nous parlent. Ils nous soutiennent, et malgré nos échecs dans les grandes compétitions, ils ont toujours été là. Pour moi c’est important, je les remercie. Comme je l’ai dit, un genou à terre, jamais les deux. Il ne faut pas nous lâcher. On a besoin d’eux.”

Ressentez-vous que le soutien du public s’est essoufflé avec ces déceptions successives ?

Dans la rue, les gens demandent des photos, et nous parlent. Ils nous soutiennent, et malgré nos échecs dans les grandes compétitions, ils ont toujours été là. Pour moi c’est important, je les remercie. Comme je l’ai dit, un genou à terre, jamais les deux. Il ne faut pas nous lâcher. On a besoin d’eux. Je peux comprendre leur frustration, mais nous aussi on l’est car on est des compétitrices et on veut toujours le bien de notre pays. En tout cas, il y a eu un changement dans cette équipe. Je suis contente.

Et ce changement a-t-il été déclenché par la méthode du sélectionneur Laurent Bonadei ?

Il est arrivé avec des ambitions très fortes, un projet de jeu. Les réunions que l’on a eues entre nous, ses messages qu’il nous fait passer, nous font prendre conscience qu’on est des bonnes joueuses, que l’on a des qualités, et il faut que l’on joue avec nos qualités. Et cela nous a fait du bien car ces derniers matchs, tout le monde ose, tout le monde défend.

Auparavant, vous n’osiez pas sur le terrain ?

Si, on a toujours osé sur le terrain, mais en ce moment cela se voit plus parce que tout le monde a confiance en ses qualités, et il y a cette connexion que l‘on n’avait peut-être pas avant. C’est très positif. Il y a beaucoup de leaders comme Grace (Geyoro), Griedge (Mbock Bathy Nka), Sakina (Karchaoui) qui nous tirent vers le haut.

“Maintenant on n’a plus peur de faire tourner le ballon, les gardiennes n’ont plus peur de jouer court. On se fait confiance les unes envers les autres.”

Cette équipe apprend aussi à vivre sans Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et Kenza Dali qui n’ont pas été retenues par le sélectionneur Laurent Bonadei…

Que cela soit Wendie, Eugénie ou Kenza, elles ne dérangeaient évidemment pas. Mais c’est vrai que certaines vont prendre plus leurs responsabilités. Mais elles l’ont fait aussi quand Wendie, Eugénie et Kenza étaient là. Je ne sais pas ce qui a fait qu’il y a eu cette évolution, même quand elles étaient là le groupe était en train de passer un cap. Il y a des jeunes comme Alice qui sont dans le groupe et qui regardent moins les autres. Elle vient, elle sait que demain elle peut gratter du temps de jeu.

Est-ce que cette confiance se reflète dans le style de jeu de l’équipe ?

Notre jeu est basé sur la possession, maintenant on n’a plus peur de faire tourner le ballon, les gardiennes n’ont plus peur de jouer court. On se fait confiance les unes envers les autres. Avant, je pense qu’on avait un peu peur. Il y avait de l’appréhension. Il y a eu une prise de conscience, on se dit les choses. C’est important pour qu’un groupe avance.

Vous allez aborder cet Euro dans un groupe très relevé ?

On ne vient pas à l’Euro pour faire match nul ou perdre, vous me connaissez. Tout le monde le dit, c’est le groupe de la mort. Mais moi j’aime ces gros matchs, cela va nous mettre dans le bain tout de suite. On n’arrive pas favorites, mais c’est à nous de prouver.

Propos recueillis par Anthony Rech



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