Des Amériques à l’Europe, les analystes observent une « certaine stabilité » des prix sur une semaine, selon l’expression de Gautier Le Molgat, PDG de Argus Media France.
A la Bourse de Chicago, les cours du blé et du maïs sont pratiquement stables, à respectivement 5,37 et 4,20 dollars le boisseau (entre 25 et 27 kg). Sur le marché européen, la céréale du pain a reculé d’environ 2 euros sur une semaine, s’échangeant à 195,75 euros la tonne mercredi après-midi.
Plusieurs facteurs contradictoires empêchent les cours de vraiment bouger : de bonnes conditions météorologiques pour les cultures, une faiblesse persistante du dollar qui facilite les exportations et la publication de plusieurs rapports du ministère américain de l’Agriculture (USDA) sur l’état des stocks et les surfaces semées.
Attraction du maïs américain
Selon un rapport de l’USDA publié lundi, 73 % des surfaces de maïs américain sont actuellement dans un état considéré comme « bon » ou « excellent », contre 70 % la semaine passée et 67 % l’année précédente.
« Ce sont les meilleures conditions de culture dans la Corn Belt depuis 2018 », souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage. « Nous nous attendons à une très grosse récolte si le temps ne change pas », abonde Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial.
Cette riche production s’ajoutera à celles du Brésil et de l’Argentine, qui « auront beaucoup de maïs à exporter », ajoute-t-il.
Toutefois, dans l’immédiat, « le maïs américain est plus attractif » que le brésilien et « cela est dû à la chute des prix américains ainsi qu’à la forte appréciation du réal brésilien », selon Rich Nelson de la maison de courtage Allendale.
Selon un autre rapport de l’USDA sur les superficies emblavées, les surfaces semées de maïs ont augmenté de 5 % aux Etats-Unis, le troisième plus haut niveau depuis 1944.
Pour le blé, les surfaces sont relativement stables mais les stocks plus importants (+ 22 % par rapport à l’an dernier), une tendance aussi observée pour le soja : – 4 % de surfaces mais + 4 % de stocks.
« Les stocks de soja étaient supérieurs à un milliard de boisseaux, soit plus que la moyenne des estimations, et les superficies consacrées au soja n’ont pas diminué autant que le marché l’avait prévu », a commenté Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.
Après plusieurs jours de reflux, les cours de la graine oléagineuse, largement valorisée en biocarburant, ont terminé dans le vert mardi soir à Chicago, à 10,24 dollars le boisseau (27 kg).
Moisson prometteuse en France
Un retournement qui s’explique « par le fait que le Sénat a adopté le projet de loi de la Big Beautiful Bill [BBB, la grande et belle loi de Donald Trump, NDLR] et les dispositions relatives aux biocarburants dans ce projet de loi. Je dirais donc que l’adoption du projet de loi BBB a neutralisé les rapports baissiers sur les stocks et les superficies de soja », selon M. Zuzolo.
De son côté, Rich Nelson estime que les hésitations des cours du soja s’expliquent car le marché est « toujours en train d’essayer d’évaluer le type de risque » auquel est confrontée cette production.
« Nous n’avons toujours pas d’accord (commercial) avec la Chine, nous travaillons sur un accord avec l’Union européenne, mais celui-ci n’est toujours pas entre nos mains à l’heure actuelle, donc il y a toujours un peu de risque », a-t-il relevé.
La tendance est la même pour le colza européen, qui a reculé de 8,4 % en dix jours sur Euronext, et remontait mercredi, s’échangeant à 467 eurEntre soleil et dollar, relative stabilité desos la tonne, dans le sillage du canola (colza OGM) canadien.
En Europe, les cours du blé ne parvenaient pas à remonter, sous la pression des récoltes progressant dans le sud du continent et « chahuté par la hausse de l’euro, réel handicap » pour les exportations, selon Gautier Le Molgat.
En France, premier producteur de blé européen, la moisson s’annonce bonne.
« On aura sans doute de la quantité et de la qualité ici. Après (la récolte catastrophique de) l’an dernier, c’est un soulagement, même si les prix ne sont toujours pas au rendez-vous », a déclaré à l’AFP Cédric Tranquart, céréalier dans l’ouest de la France.