Le dollar restait stable jeudi, contenu par les incertitudes persistantes concernant la mise en place de droits de douane par Donald Trump contre le Canada et le Mexique, les cambistes gardant ainsi leur calme avant une possible tempête. Vers 19H35 GMT, le billet vert reculait de 0,05% par rapport à la monnaie unique, à 1,0428 dollar pour un euro. Il lâchait aussi 0,05% face à la livre britannique. Le Dollar Index, qui compare la devise américaine à un panier d’autres grandes monnaies, perdait pour sa part 0,16% à 107,914 points. «Une relative tension règne sur le marché des changes», commente dans une note Marc Chandler, de Bannockburn Global Forex.
Le marché est «confronté à une situation très incertaine en ce moment», abonde auprès de l’AFP Shaun Osborne, de Scotiabank, en référence aux menaces de droits de douane brandies par Donald Trump pour faire plier des partenaires commerciaux des États-Unis. Le républicain a annoncé vouloir imposer 25% de taxes supplémentaires à compter du 1er février sur les produits en provenance du Canada et du Mexique, pourtant théoriquement protégés par un accord de libre-échange. Toutefois, mercredi, à l’occasion de son audition de confirmation devant le Sénat américain, le probable futur secrétaire au Commerce Howard Lutnick a assuré que le Canada et le Mexique ne seraient pas visés par ces surtaxes s’ils se décident «à agir» pour limiter le trafic de fentanyl et de migrants entrant aux États-Unis.
La croissance américaine jugée décevante
L’incertitude autour de la politique douanière des États-Unis fait que le marché des changes est «en suspens avant le week-end», résume M. Osborne. «Dans l’éventualité où des droits de douane seraient appliqués, (…) je m’attends à ce que le dollar se renforce, en particulier par rapport au dollar canadien et au peso mexicain», avance l’analyste. Dans le cas contraire, le «buck», un des surnoms de la monnaie américaine, «pourrait reculer un peu plus», selon M. Osborne.
Plus tôt dans la journée, le dollar s’était retrouvé affaibli par une croissance américaine jugée décevante. La croissance du produit intérieur brut américain est ressortie à 2,3% en rythme annualisé, en baisse par rapport au trimestre précédent, là où le consensus des analystes interrogés par Bloomberg tablait sur 2,6%, ce qui a mis la devise américaine «en difficulté», relève Kathleen Brooks, analyste pour XTB, interrogée par l’AFP. Poussé notamment par les incertitudes autour de la politique économique américaine, l’or a profité jeudi de son statut de valeur refuge pour atteindre un nouveau sommet de 2.798,59 dollars, écrasant son précédent record d’octobre dernier. Selon Susannah Streeter, spécialiste des marchés pour Hargreaves Lansdown, «les investisseurs se réfugient (vers l’or) pour affronter une tempête d’imprévisibilité» ces dernières semaines, tout particulièrement à cause des menaces de droits de douane lancées par Donald Trump.