Le rouble, la monnaie russe, a atteint jeudi son plus haut niveau face au dollar et à l’euro depuis août 2024, une conséquence directe du rapprochement accéléré entre Washington et Moscou qui a fait naître l’espoir côté russe d’une levée des sanctions américaines. La devise russe, très affaiblie et particulièrement volatile sous l’effet des lourdes sanctions occidentales depuis trois ans, s’est raffermie depuis mi-février, à la suite de l’appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 du mois.
La Banque centrale de Russie (BCR) a fixé le taux de change pour vendredi à 1 dollar contre 88,51 roubles et 1 euro contre 92,48. La Russie n’a pas de taux de change fixe, mais cet indicateur de la BCR reflète l’activité du marché. Les marchés russes semblent anticiper des bonnes nouvelles sur le front économique des relations entre Moscou et Washington, selon les observateurs, alors que les perspectives de croissance en Russie sont moroses pour 2025 et que le conflit en Ukraine coûte cher.
Sanctions occidentales
À l’issue de la rencontre mardi en Arabie saoudite entre le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio et son homologue russe Sergueï Lavrov, Washington s’était félicité que leur échange avait permis de «poser les bases» pour des «opportunités économiques et d’investissement historiques qui émergeront d’une fin réussie du conflit en Ukraine». Le rebond du rouble intervient après qu’il eut dévissé fin novembre 2024, atteignant alors son plus bas depuis mars 2022 face au billet vert et à l’euro, sur fond d’escalade des tensions russo-occidentales autour de l’Ukraine et de nouvelles sanctions américaines de l’administration Biden. Celles-ci visaient notamment le secteur pétrolier russe, source de revenus essentiels pour Moscou pour financer son assaut contre l’Ukraine. Avant le conflit, le dollar s’échangeait début 2022 autour de 1 pour 75-80 roubles en moyenne.
L’économie russe est devenue en trois ans de conflit largement dépendante des commandes militaires, alors que l’économie réelle a été affectée par les sanctions occidentales, malgré des contournements et des importations qui continuent sur certains produits. Cette conjoncture, avec son lot d’incertitudes, est vue par de nombreux experts comme problématique à long terme, et une éventuelle levée des sanctions américaines visant les banques russes ou autres entreprises pétrolières pourrait leur permettre de redonner de l’air.