Le dollar peinait à regagner le terrain perdu mercredi, les investisseurs ayant décidé de prendre davantage de risques à la faveur d’une fragile trêve entre Israël et l’Iran.
Les marchés ont exulté et un indice des actions mondiales a atteint un niveau record dans la nuit, alors qu’un cessez-le-feu précaire, négocié par le président américain Donald Trump, est entré en vigueur entre l’Iran et Israël.
Les deux pays ont laissé entendre que la guerre aérienne qui les opposait avait pris fin, du moins temporairement, après que Trump les a publiquement réprimandés pour avoir violé le cessez-le-feu qu’il avait annoncé.
Suite à cette annonce, les investisseurs ont massivement vendu le dollar, après s’être rués sur la devise américaine considérée comme une valeur refuge lors des douze jours de conflit entre Israël et l’Iran, une période marquée également par les frappes américaines contre les installations d’enrichissement d’uranium iraniennes.
L’euro a cédé 0,1 % sur la journée, mais restait à 1,1597 dollar, tout près de son plus haut niveau depuis octobre 2021, tandis que la livre sterling évoluait à l’équilibre à 1,3616 dollar, proche de son sommet depuis janvier 2022.
Bien que la trêve entre Israël et l’Iran demeure fragile, les investisseurs semblaient pour l’instant accueillir favorablement ce répit.
« Le marché fait preuve de complaisance face à certains risques baissiers », estime Joseph Capurso, responsable de la recherche économique internationale et durable à la Commonwealth Bank of Australia.
« Ce que je retiens, c’est que le problème n’est pas réglé. Cela signifie qu’il pourrait à nouveau influencer les prix des matières premières et les marchés des changes », poursuit-il.
Du côté des autres devises, le franc suisse, qui avait atteint mardi un sommet de dix ans et demi, s’est stabilisé à 0,8051 pour un dollar.
Le yen a sous-performé face aux autres grandes monnaies, s’affaiblissant dans la journée pour laisser le dollar progresser de 0,37 % à 145,4.
Certains membres de la Banque du Japon ont plaidé pour le maintien des taux d’intérêt à leur niveau actuel, invoquant l’incertitude liée à l’impact des droits de douane américains sur l’économie japonaise, selon un résumé des débats de la réunion de juin publié mercredi.
Face à un panier de devises, le dollar progressait légèrement à 98,1.
Mardi, le président de la Réserve fédérale Jerome Powell a maintenu son approche prudente et réaffirmé que la banque centrale n’était pas pressée d’assouplir sa politique monétaire lors de son audition semestrielle devant le Congrès. Cela n’a guère modifié les anticipations du marché, qui évaluent à 18 % la probabilité d’une baisse des taux en juillet, selon l’outil CME FedWatch.
Plusieurs responsables de la Fed se sont exprimés la semaine dernière, révélant des divergences parmi les décideurs. Michelle Bowman et Christopher Waller semblent pencher pour une baisse des taux cet été, tandis que d’autres, comme le gouverneur Michael Barr, estiment que l’économie américaine tient suffisamment bien pour éviter tout assouplissement pour l’instant.
Pour Michael Pfister, stratège chez Commerzbank, il est « de plus en plus clair » que le consensus au sein de la Fed sur la politique monétaire future s’effrite, et que les discussions sur une baisse des taux pourraient émerger dès juillet.
« Dans un tel scénario, les anticipations de baisse des taux pourraient de nouveau s’accélérer », observe-t-il.
« Si le consensus au sein du FOMC continue de s’effriter dans les prochaines semaines, cette probabilité risque d’augmenter. Ce n’est pas bon signe pour le dollar américain », ajoute-t-il.
Une série de statistiques américaines moins robustes que prévu ces dernières semaines ont également renforcé les attentes de baisses de taux cette année, les contrats à terme anticipant près de 60 points de base d’assouplissement d’ici décembre.
Les données publiées mardi ont montré que la confiance des consommateurs américains s’était dégradée de façon inattendue en juin, les ménages se montrant de plus en plus inquiets quant à la disponibilité des emplois, un signe supplémentaire de l’assouplissement des conditions sur le marché du travail.