La Banque du Canada devrait maintenir son taux directeur à 2,75 % ce mercredi, alors que les décideurs attendent de nouveaux indicateurs sur une économie ayant progressé plus rapidement que prévu au dernier trimestre. Selon une majorité d’économistes interrogés par Reuters, au moins deux nouvelles baisses de taux sont toutefois probables d’ici la fin de l’année.
Ce consensus solide autour de la décision à venir fait suite à la publication, vendredi, de données montrant une croissance économique de 2,2 % au dernier trimestre, un chiffre supérieur aux prévisions.
Cette croissance inattendue s’explique principalement par la hausse des exportations, les entreprises américaines ayant anticipé les tarifs douaniers annoncés par le président Donald Trump en constituant des stocks de produits canadiens.
La faiblesse de la consommation des ménages et de la demande intérieure laisse cependant présager un ralentissement économique. Par ailleurs, la récente décision de Donald Trump de doubler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés, les portant à 50 %, pourrait encore assombrir les perspectives.
Malgré tout, la vigueur de la croissance au premier trimestre et une inflation de base proche de la limite supérieure de la fourchette cible de 1 à 3 % de la Banque du Canada justifient le maintien du taux directeur cette semaine, pour la deuxième réunion consécutive.
Plus de 75 % des économistes interrogés par Reuters, soit 20 sur 26, partagent cet avis après la publication des chiffres du PIB, ce qui correspond également aux anticipations des marchés financiers.
« Les chiffres de croissance n’imposent pas d’urgence, et les données sur l’inflation de base incitent à la prudence », analyse Douglas Porter, économiste en chef chez BMO Marchés des capitaux, qui s’attend à un statu quo de la Banque du Canada.
« Dans l’ensemble, les chiffres du PIB se montrent étonnamment résilients. Même si l’économie n’est pas aussi solide que le laissent entendre les gros titres, elle parvient tout de même à afficher une croissance modeste », ajoute-t-il.
Avant la publication de ces données, les économistes restaient partagés. Parmi les grandes banques canadiennes, BMO, CIBC et TD ont révisé leur prévision, optant pour une pause plutôt qu’une baisse de taux, tandis que la Banque Scotia a maintenu sa position d’absence de changement.
Depuis juin 2024, la Banque du Canada a déjà réduit son taux directeur de 225 points de base au total.
Si aucun consensus net ne se dégage sur le niveau des taux en fin d’année 2025, près de 75 % des économistes – soit 17 sur 23 – estiment que la Banque du Canada procédera à au moins deux autres baisses cette année : huit anticipent deux réductions supplémentaires, sept en prévoient trois et deux en envisagent quatre.
« Même si nous pensons qu’une baisse serait la bonne décision, il est peu probable que la Banque du Canada agisse dès maintenant, ayant indiqué sa volonté de ne pas trop anticiper dans un contexte très incertain », explique Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC.
« Nous tablons donc sur une pause mercredi, mais accompagnée d’un message laissant la porte ouverte à de futures baisses de taux », précise-t-il.
Le mois dernier, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a explicitement averti d’un possible ralentissement de la croissance dans les prochains trimestres. L’institution actualisera ses prévisions économiques en juillet, ce qui pourrait constituer une raison supplémentaire de patienter cette semaine.
L’économie a progressé de 0,1 % en avril, une performance meilleure que redouté, mais difficilement soutenable. Selon le consensus du sondage, le PIB devrait se contracter de 1,0 % ce trimestre puis de 0,5 % au suivant. Si ces projections se confirment, le Canada entrerait alors techniquement en récession.
« Quoi qu’il advienne, la Banque du Canada ne peut présumer que la situation restera inchangée… Nous pensons que la croissance canadienne devrait nettement ralentir au milieu de l’année, ce qui justifierait de nouvelles baisses de taux », estime Andrew Kelvin, responsable de la stratégie taux Canada et monde chez TD Securities.
(Autres articles issus du sondage économique mondial de Reuters)