Impopulaires, encombrantes, chères à produire… Les pièces d’1 centime n’ont pas vraiment la cote. Aux États-Unis, le président Donald Trump a demandé dimanche à son secrétaire au Trésor Scott Bessent d’arrêter la production du centime de dollar, précisément à cause de son coût.
« Pendant bien trop longtemps, les États-Unis ont frappé des pièces d’un cent qui nous coûtent littéralement plus de 2 cents (à produire). C’est du gaspillage ! », s’est emporté Donald Trump sur son réseau social Truth Social.
La crainte d’une hausse des prix
Le milliardaire Elon Musk, qui supervise le Département à l’efficacité gouvernementale (Doge), avait remis la question sur la table en janvier, rappelant le coût de production d’un penny. Un débat qui concerne aussi l’Europe : en 2022, après une consultation montrant que 72 % des usagers de la zone euro étaient favorables à la suppression des pièces d’1 et 2 centimes, la Commission européenne devait statuer sur leur avenir. La décision a finalement été ajournée indéfiniment, en pleine crise inflationniste post-pandémie de Covid.
Car là réside l’une des conséquences redoutées d’une éventuelle disparition des petites cuivrées : une hausse des prix à l’arrondi supérieur. « Ça n’aura peut-être pas un impact énorme sur la hausse des prix, mais ce ne sera clairement pas favorable aux consommateurs », craint Loïc Daguzan, président de l’Indecosa-CGT (association pour l’Information et la défense des consommateurs et des salariés).
Déjà abandonnées en Belgique et en Italie
Cinq pays de la zone euro – la Belgique, la Finlande, l’Irlande, l’Italie et les Pays-Bas – ont d’ores et déjà cessé unilatéralement d’utiliser les pièces d’1 et 2 centimes. Si les prix y sont toujours affichés au centime près, les commerçants arrondissent les tickets de caisse aux cinq centimes les plus proches du prix initial, la mesure ne concernant que les paiements en espèces.
« À mon avis, ce serait négligeable, tempère l’économiste Michel Didier. Dans les magasins, les gens demandent souvent de garder la monnaie, ils ne veulent surtout pas qu’on leur rende des petites pièces. Ils ne savent pas quoi en faire. »
« Il y aura des pertes d’emploi »
En moyenne, la Monnaie de Paris frappe environ 350 millions de pièces d’1 et 2 centimes chaque année. « Ça représente un peu plus de la moitié du total des pièces produites », indique David Faillenet, délégué syndical UGICT-CGT à la Monnaie de Paris. Aussi, un arrêt de leur production aurait, selon lui, des conséquences directes sur l’emploi des monnayeurs.
« La question de l’externalisation du reste de la production va automatiquement se poser. Si on arrête ces pièces, il y aura des pertes d’emploi sur l’usine de Pessac (Gironde), parce qu’il n’y aurait pas de raison de produire d’autres pièces en plus grande quantité. Il n’y a pas de vase communicant. »
Quant à l’argument du coût de production, Loïc Daguzan le réfute en bloc : « Quand on dit que le coût de ces pièces est supérieur à leur valeur faciale, on oublie qu’elles ont vocation à être utilisées des milliers de fois. Ce n’est pas comme si on les utilisait de manière unique. Et si la pièce d’1 centime coûte plus que sa valeur, celle de 2 centimes coûte moins. Fabriquer les deux est possible et même rentable. En tant qu’association de consommateurs, on ne peut pas être favorable à leur suppression ».
Si les commandes de l’État devraient être connues dans les prochaines semaines, l’idée d’un arrêt de la production des pièces rouges refera sans doute surface dans les années à venir. « La décision des États-Unis sera considérée comme une forme d’encouragement à aller dans ce sens-là. C’est un sujet qui revient sur la place régulièrement », conclut David Faillenet, non sans une certaine appréhension.