Cet hiver, le dollar canadien a atteint son niveau le plus bas depuis la pandémie. Actuellement, le dollar canadien vaut 69 cents américains, un niveau qui peut sembler alarmant, mais le bilan est plutôt mitigé pour les industries de la province. Les industries exportatrices en profitent, tandis que les importateurs doivent payer plus cher.
La dernière fois que le dollar canadien se situait aux environs de 70 cents américains, c’était il y a cinq ans, au début de la pandémie de COVID-19.
Charles St-Arnaud, économiste en chef de la Banque Alberta Central, dit que les baisses successives du taux directeur de la Banque du Canada, ainsi que celles prévues pour 2025, jouent également sur le taux de change.
Cependant, ce qui explique la nouvelle baisse du taux de change, c’est la force du dollar américain, et non la faiblesse du dollar canadien.
Le dollar américain s’est apprécié par rapport à la majorité des devises en 2024, et le Canada se situe au milieu du peloton.
Certaines industries avantagées
Des secteurs comme celui des mines saskatchewanaises parviennent à tirer profit de cette situation.
La présidente de Sask Mining, Pam Schwann, explique que les exportations de minéraux, de potasse et d’uranium se portent mieux que jamais, que les acheteurs américains en profitant pour acheter à un prix plus bas.

Les industries exportatrices de la province qui vendent majoritairement leurs produits aux États-Unis sont avantagées et voient une augmentation de la vente. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Cory Herperger
Même constat du côté du gouvernement de la Saskatchewan, qui estime que cette baisse du dollar avantage également les industries des ressources non renouvelables, telles que celles du pétrole, du gaz naturel, voire de l’industrie forestière, qui exportent la majorité de leur production vers les États-Unis.
« Les deux côtés de la médaille »
Bien que certains producteurs agricoles bénéficient de la baisse du dollar canadien pour leurs exportations, l’industrie agricole en subit globalement les effets négatifs.
Le vice-président de l’Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan (APAS), Chris Procyk, souligne que certaines productions, comme le canola, sont vendues aux États-Unis, ce qui peut avoir un effet positif.
Toutefois, dans l’ensemble, l’industrie agricole est largement perdante, notamment en raison de la hausse des prix des importations d’engrais, de produits chimiques et d’équipements dont elle dépend.

Selon l’économiste Charles St-Arnaud, les producteurs agricoles risquent de reporter l’achat de nouveaux équipements en provenance des États-Unis en raison du taux de change actuel. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Rob Kruk
Les industries minières et agricoles ont également plus de difficultés à recruter de la main-d’œuvre, car elles peinent à rivaliser avec les salaires américains en raison du taux de change.
Besoin d’un soutien plus concret
Chris Procyk, de l’APAS, demande une aide concrète du gouvernement saskatchewanais afin d’assurer une certaine sécurité financière, en particulier dans le contexte actuel d’instabilité politique à Ottawa.
Nous avons besoin que notre gouvernement prenne les devants et nous aide.
Malheureusement, il y a peu de choses que les provinces peuvent faire, selon l’économiste Charles St-Arnaud. Et, dans le cas de la mise en place des tarifs douaniers américains de 25 % par l’administration Trump, il faudrait également abaisser le niveau du dollar canadien de 25 % pour rester compétitif en matière d’exportations.
Contacté par Radio-Canada, le gouvernement saskatchewanais reconnaissait, mardi, dans une déclaration l’importance de diversifier [son] économie et de soutenir les secteurs qui dépendent des importations américaines
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