Diplômé de l’université de Boston en 2005, Stephen Miran soutien une thèse en économie à Harvard et en sort docteur en 2010. D’abord analyste financier, il rejoint en 2020 le Département du Trésor américain en tant que conseiller en politique économique. Après sa réélection en novembre 2024, Donald Trump le propose comme président du Conseil des conseillers économiques (CEA), institution chargée de conseiller le président américain en matière de politique économique.
Stephen Miran a publié à la fin de l’année 2024 une longue étude sur la stratégie économique et monétaire qu’il souhaiterait pour les États-Unis. Cette dernière « laisse augurer de possibles manipulations majeures de la part du locataire de la Maison-Blanche », explique le journal « Le Monde ».
« Doctrine Miran »
La revue « Le Grand Continent », qui propose une traduction complète du programme, explique que l’économiste souhaite « augmenter les droits de douane pour négocier un nouvel accord du Plaza et déprécier le dollar ». Pour rappel, les accords du Plaza, signés en 1985 entre les États-Unis, le Japon, l’Allemagne de l’Ouest, la France et le Royaume-Uni, permettaient une dépréciation du cours du dollar par rapport à ceux du yen et du mark allemand.
Selon « Le Monde », Donald Trump est « pris dans un dilemme : il veut un dollar fort et un dollar faible à la fois ». La « doctrine Miran », comme l’écrit « Le Grand Continent », permettrait dans un premier d’augmenter les droits de douane. Ces derniers, n’auront pas d’impact sur l’inflation, et induiront alors une appréciation du dollar et « une dépréciation de la devise visée ».
Incertitudes
Les droits de douane pourraient alors servir de « monnaie d’échange pour obtenir des partenaires des États-Unis, contre une suppression de ces derniers, une appréciation de leurs monnaies », rappelle « Le Grand Continent », et donc permettre de négocier dans l’autre sens, une dépréciation du dollar. Les pertes liées à la dépréciation du dollar pourront être rééquilibrées en vendant des bons du trésor « aux détenteurs étrangers de dollar, pour financer l’économie du pays », détaille « Le Monde ».
L’articulation « n’est pas aisée à comprendre », précise la revue, et fait également émerger plusieurs contradictions. « Si leurs monnaies s’apprécieraient après avoir été dépréciées à la suite aux droits de douane, ne retournerions-nous pas à la case départ ? Si la dépréciation des devises étrangères doit sauvegarder le pouvoir d’achat des Américains dans le scénario des droits de douane, la dépréciation du dollar ne risque-t-elle pas au contraire de les appauvrir ? », cherche à comprendre « Le Grand Continent ».